Marla et le puzzle. Je crois que ces fragments racontent les derniers moment de sa vie, quand elle a commencé à devenir folle.
Tout n’est question que de casser –et réparer. Détruire, et
refaire.
Marla menait de prétendues fouilles archéologiques et John
faisait semblant d’y croire, debout comme une statue sur un monticule. Elle
prétendait que le sol était fait de pièces de puzzle. Que par endroits le
puzzle était fait et organisé, les pièces les une dans les autres, et qu’à d’autres
les pièces gisaient en tas, fondaient à cause de la pluie, s’amalgamaient.
« Et quoi, sur ces pièces de puzzle ? Quelle
image, quelle figure ou quel motif apparaît si on joignait au bon endroit
chaque pièce ? » fit John visiblement démotivé. Marla répondit que du
moment où 95% de l’ouvrage était désormais illisible, cela n’avait pas la
moindre espèce d’importance. Sur la majorité des pièces apparaissait un
brouillard méchant, un gravier à gros grain, du ciel, des fragments de figure… « Rien »,
disait-elle, « de très déterminant ». Puis ajoutait après silence… « Sur
les régions jointes, qui sont rares, on distingue la trame d’impression, l’antique
quadrichromie. »
« Ce puzzle te ruinera la santé. »
En effet, elle acquiesçait... « Dans la mesure où même
l’étendue exacte du machin rend vaine l’entreprise et fait espérer, pour le
moins, des aventures avec plus de ciel et moins de sol. » Foin de tout
ceci, elle prit quand même une photo aérienne qu’on la vit raturer encore
plusieurs années après.